Quantcast
Channel: FrancePhi Diffusion
Viewing all articles
Browse latest Browse all 158

Voltaire, Mahomet et l’islam triomphant

$
0
0

Voltaire, Mahomet et l’islam triomphant

Par Nicolas Bonnal.

Le temps de l’Arabie est à la fin venu.

Pendant que la timide résistance chrétienne en France s’organise, je relis du Voltaire.

Voltaire a publié 300 livres ; nous sommes loin de le connaître, surtout avec la caricature qu’on en donne à l’école (la tolérance, les contes philosophiques, l’ironie voltairienne…). Il faut rappeler que pour lui l’essentiel de son œuvre se composait de tragédies. C’est justement à l’une de ces tragédies à laquelle je me reporte aujourd’hui ; et dont le grand Frédéric parle dans son journal avec ferveur.

Il s’agit de Mahomet, plus exactement du Fanatisme ou de Mahomet, et dont on va voir qu’elle est bien proche de nos préoccupations et du siècle écoulé empli de sang par tous nos dictateurs et toutes nos rêveries étatistes et nationales.

Mahomet a souvent fasciné des auteurs modernes, eux-mêmes inspirateurs des dictatures fascistes ; je pense bien sûr à Carlyle, dont le livre sur les héros a fasciné et inspiré plus que Nietzsche sans doute les grandes figures oubliées du siècle passé. Je traduis le toujours étonnant Carlyle :

Le héros n’est plus maintenant regardé comme un Dieu par ses proches ; mais comme un inspiré de Dieu, comme un prophète. .. Les paroles de cet homme ne pouvaient être fausses, ni ses œuvres ici-bas. Aucune inanité ou simulacre ; une fière masse de vie montant du mystère de la nature…

Au XIXe siècle, à l’époque où l’on disait que le Dieu chrétien avait changé de sexe (Michelet), alors que les pratiquants étaient traités d’acteurs par de fortes têtes comme Nietzsche ou Feuerbach, la parole conquérante de Mahomet incarnait une force qui interpella aussi les grands esprits militaires.

Goethe se disait musulman et Napoléon se convertit même au pied des pyramides. Patton termina le Coran en l’estimant un très bon livre ; quant à Himmler on n’a cessé de dire qu’il avait le Coran comme livre de chevet. Virgil Georgiu a écrit un livre fascinant sur la vie du grand homme, dont il admire l’aura, l’énergie et l’esprit guerrier. Et aussi, comme Carlyle, la sincérité.

Mais Voltaire me semble-t-il met le doigt le premier sur ce trait ; et ce n’est pas un hasard si la grand Frédéric évoque en tremblant ces vers, qui atteignent bien leur but :

Chaque peuple à son tour a brillé sur la terre,

par les lois, par les arts, et surtout par la guerre ;

le temps de l’Arabie est à la fin venu.

Ce peuple généreux, trop longtemps inconnu,

laissait dans ses déserts ensevelir sa gloire ;

 voici les jours nouveaux marqués pour la victoire.

Voltaire représente donc Mahomet en grand héros et en héraut d’une énergie nouvelle et porteuse de fer et de sens. Il participe d’un génie national, le génie arabe. Il est aussi un unificateur du globe, ayant révélé la religion monothéiste la plus rigoureuse et la plus convaincante :

Il faut un nouveau culte, il faut de nouveaux fers ;

il faut un nouveau dieu pour l’aveugle univers.

L’anaphore insiste bien sur ce trait : le Mahomet de Voltaire apporte la nouveauté, un ordre nouveau au monde, qui peut d’ailleurs l’unifier. Le monde rêve d’obéir, il est fatigué de la liberté : c’est d’ailleurs la constatation du grand Inquisiteur des Frères Karamazov. Je cite Dostoïevski au passage en remarquant qu’ici aussi les grands esprits se rencontrent :

Car il n’y a pas pour l’homme, demeuré libre, de souci plus constant, plus cuisant que de chercher un être devant qui s’incliner. Mais il ne veut s’incliner que devant une force incontestée, que tous les humains respectent par un consentement universel.

Mahomet amène l’ordre et l’obéissance, un « fanatisme » bien compris. C’est en ce sens qu’il incarne l’héroïsme dont nous parlions plus haut avec Carlyle.

Ce héros – pour Voltaire bien sûr – rêve aussi d’un ordre et d’un empire de mille ans. Je ne le compare bien sûr à personne, mais je cite quand même Voltaire, qui redouble dans proclamation d’anaphores et de contre-rejets :

Je viens après mille ans changer ces lois grossières :

 j’apporte un joug plus noble aux nations entières :

j’abolis les faux dieux ; et mon culte épuré

de ma grandeur naissante est le premier degré.

L’ennemi de Mahomet s’appelle dans la pièce Zopyre. Il incarne la tolérance, la modération, la raison etc. Il est peut-être le porte-parole des « Lumières » (ce qui ne lui portera pas bonheur) et nous tient à peu près ce langage :

Tu veux, en apportant le carnage et l’effroi,

commander aux humains de penser comme toi :

 tu ravages le monde, et tu prétends l’instruire.

 Zopyre sera tué comme je l’ai dit, et cela me paraît illustrer le goût de Voltaire pour la force si bien caché par notre école et nos médias. Voltaire est un immense admirateur du despote éclairé, du roi-prodige Charles XII et bien sûr de Pierre-le-Grand. Il admire quelque part la destruction de l’empire romain par les Goths. Le discours sur la tolérance est bon pour qui veut l’entendre : le curé défroqué ou le maître d’école.

Mahomet affirma ainsi son droit du plus fort :

Le droit qu’un esprit vaste, et ferme en ses desseins,

a sur l’esprit grossier des vulgaires humains.

Sa foi rendra l’humanité plus forte, bannira tous les lâches, élèvera les âmes. On a l’impression que Mahomet s’adresse ici au post-christianisme et à la société moderne et multiculturelle qui demande à en finir :

Oui ; je connais ton peuple, il a besoin d’erreur ;

ou véritable ou faux, mon culte est nécessaire.

Que t’ont produit tes dieux ? Quel bien t’ont-ils pu faire ?

Quels lauriers vois-tu croître au pied de leurs autels ?

Ta secte obscure et basse avilit les mortels,

énerve le courage, et rend l’homme stupide ;

la mienne élève l’âme, et la rend intrépide :

ma loi fait des héros.

La pièce se termine par une apologie de l’obéissance due au prophète guerrier et vainqueur :

La nature à mes yeux n’est rien que l’habitude ;

celle de m’obéir fit son unique étude :

je lui tiens lieu de tout.

Le Coran transforme le sable en empire, disait Saint-Exupéry, qui en savait plus que beaucoup sur ce grand sujet. Aujourd’hui il me semble que l’on devrait relire cette phrase du livre Charles XII de Voltaire dans les pays postchrétiens :

Ce n’est pas le nombre des morts, c’est l’épouvante de ceux qui survivent qui fait perdre les batailles.

À bon entendeur…

Francephi - Editions Dualpha, Déterna, l'Aencre et autres livres en diffusion


Viewing all articles
Browse latest Browse all 158

Trending Articles