Le Mali vu de l’UMP : le bal des faux-culs !
par Nicolas Gauthier.
Logiquement, l’UMP, c’est la France et sa grandeur, c’est la Gaulle et son général. Enfin, c’est ce qu’on raconte. L’UMP donc, prise de court par l’équipée hollandaise au Mali, fait entendre sa différence. Et c’est là que c’est croquignolet. Des esprits aussi aiguisés que Morin et Juppé se posent ainsi des questions sur notre stratégie à long terme. Évacuons le cas Hervé Morin, ectoplasmique intérimaire à la Défense, dont les révélations de Wikileaks nous ont appris qu’il passait plus de temps à l’ambassade américaine à Paris que dans son bureau, pourtant de dimension régalienne. C’est lui aussi qui vira manu militari de nos grandes écoles l’un de nos géopoliticiens les plus réputés, Aymeric Chauprade, dont le seul crime fut d’avoir cité, dans son dernier livre, un sondage commandé aux USA, dans lequel une consistante majorité d’Américains assurait ne pas croire à la version gouvernementale des attentats des Twin Towers.
Dans le cas d’Alain Juppé, c’est un peu plus grave, puisque s’agissant du « meilleur d’entre nous », au contraire du « pire de tous », le petit Morin. Ainsi, Alain Juppé joue au géopoliticien. Se prend pour Jacques Bainville, mais n’est jamais rien d’autre qu’un Bernard Kouchner comme les autres, alopécie mise à part. Pointe désormais du doigt l’amateurisme élyséen. Fort bien. Mais lui à Matignon ou au Quai d’Orsay, les étincelles n’ont pas été exactement au rendez-vous. Il aurait pu, excipant du veto français, mettre fin à l’embargo sur l’Irak, ayant causé la mort de près d’un million de civils, enfants et vieillards le plus souvent. Il s’est tu. Quand Dominique de Villepin faisait applaudir la France à l’ONU, en février 2003, en s’opposant à un second massacre en Irak, on ne l’a guère entendu. Pas plus que dans notre fantasque équipée afghane. Et encore moins ailleurs. Dans la série, qu’a dit Juppé de ces printemps arabes pourtant prévus depuis belle lurette par l’intellectuel Emmanuel Todd ? Ça, il aurait au moins dû être au courant sachant que, pour Chirac, Todd théorisa la « fracture sociale » quelques mois avant la campagne présidentielle de 1995.
Donc, un Juppé aux abonnés absents durant les manifestations en Tunisie et en Égypte, même si Michèle Alliot-Marie était censée se trouver aux manettes. Et seulement présent lors de notre intervention en Libye, dont le moins qu’on puisse prétendre est qu’elle ne fut pas précisément couronnée de succès. Ce d’autant plus qu’avec le général BHL, un peu moins gradé que le maréchal Rommel dans le genre « Renard du désert », c’est toujours le « meilleur d’entre nous », le génial stratège, sorte de Gamelin des temps modernes, qui a armé hier les valeureux démocrates que nos braves soldats doivent aujourd’hui affronter. On ajoutera encore que deux potentats exotiques, Mouammar Kadhafi et Bachar El Assad, furent reçus avec pompe républicaine en France, par un certain Nicolas S. Président du genre inattendu, dont le A. Juppé en question devait sur le tard devenir une caution de sérieux diplomatique.
Deux observations pour conclure :
• Aimer la France n’est pas forcément un bon investissement à long terme pour ceux qui veulent s’en faire aimer.
• Alain Juppé se prend sûrement pour Clausewitz, mais, galurin mis à part, évoquerait plutôt l’inspecteur Clouseau, celui de la Panthère rose.
C’est à se tordre. Mais pas de rire.
Francephi - Editions Dualpha, Déterna, l'Aencre et autres livres en diffusion