Préface d’Yves-Marie Laulan à “Quand ça fait mal au tabou” (Chroniques barbares X) de Philippe Randa
Préface (qui va, à coup sûr) ouvrir les portes de l’Académie française à Philippe Randa
Philippe Randa est un personnage hors du commun, comme on en rencontre peu de nos jours, à notre époque peuplée de petits cuistres intrigants, lesquels hantent les antichambres des Académies diverses et variées, en quête de reconnaissance sociale et de contrats d’édition…
Philippe Randa, à l’inverse, est un touche-à-tout de l’esprit, historien, chroniqueur, polémiste, féroce à ses heures, éditeur au surplus comme si cela ne lui suffisait pas. Ses nuits ne doivent pas compter plus de quelques heures.
S’il appartenait au monde de la finance, on dirait de lui que c’est un polyvalent ou mieux, un polytechnicien de l’esprit à la dent dure, mais qui n’aurait pas oublié d’être intelligent. Au grand siècle, on l’aurait appelé un « honnête homme ».
Son érudition est étourdissante, sa documentation sans faille. Mais où diable va-t-il chercher toutes ces informations rigoureusement vérifiées ? Car gare au procès en diffamation, toujours prêt à surgir pour le moindre détail.
Je me suis persuadé que Randa doit disposer d’une quinzaine de collaborateurs vigilants dissimulés sous sa table de travail ou son ordinateur.
Le titre de son livre, Quand cela fait mal au tabou, est déjà une provocation dans le monde étrange où nous vivons peuplé de tabous dignes des îles polynésiennes d’autrefois, de non-dit, d’interdits, d’« omertas », de silences éloquents où la vérité s’effrite, s’enlise et finit par disparaître dans la vase de la pensée unique. Laquelle est, en fait, multiple, comme une hydre toujours renaissante. Il est bon que, de temps en temps, un auteur audacieux donne un vigoureux coup de pied dans la termitière, ne serait-ce pour le plaisir de contempler les petites bêtes grouillantes se disperser dans tous les coins. C’est ce que fait Philippe Randa avec bonheur.
Son recueil, d’une quarantaine d’articles, couvre l’année 2012. Les titres sont accrocheurs, parfois féroces. Cela va de « Que vous soyez un antiraciste subventionné ou non… » à « Femen en folies ». Car la libération de la femme produit parfois d’étranges comportements proches de l’hystérie. Les Bacchantes des temps modernes ? Je regrette au passage que Randa, faute de temps, n’ait pas posé la question du financement de ces créatures de rêve aux seins nus et surtout de leurs motivations et organisation. Car il doit bien y avoir quelqu’un derrière tout ce cirque grotesque.
Philippe Randa, l’homme de l’anti-tabou, n’épargne personne. Il opte volontiers pour un ton ironique voire sarcastique. Voltaire ou Rivarol ne sont pas loin, le tout dans un français que l’Académie ne renierait pas.
Il exhume parfois quelques perles rares que le lecteur ne trouvera nulle part ailleurs. Ainsi du racisme anti-blanc implicite dans l’engouement français pour le sympathique président Obama. On songerait ici à J’irai cracher sur vos tombes du regretté Boris Vian, déjà victime de la pensée unique à un âge encore tendre. Berlusconi, lui, à son heure de gloire, n’hésitait pas à moquer gentiment le président, « un peu bronzé », de la puissante Amérique. Cet homme ne respectait rien. Pensez, un Italien !
Sur le mariage gay, Randa dénonce avec délectation la duplicité des uns, l’hypocrisie des autres dans la société du mensonge que nous avons savamment organisée. Mais Il me semble toutefois que Randa néglige quelque peu l’immense portée symbolique de la destruction du mariage. Et puis, où sa s’arrêter le curseur ? Le mariage avec des enfants à peine pubères, la zoophilie comme certains le réclament déjà Outre-Rhin, une revendication satisfaite en provoquant sur le champ une autre ? Il faut parfois sortir de l’ambigüité et choisir, même si cela fait un peu « ringard ».
On rit au passage de l’indignation vertueuse de la gauche qui se voit contester par la droite le « monopole d’occuper la rue pour brailler ». Le trait est bien ajusté.
Par contre, on serait peut-être plus réservé sur le traitement du massacre des enfants à Newport par Adam Lanza. Mais il faut bien quelques épines pour apprécier un bouquet de roses. Notre auteur, pourtant diablement astucieux, semble involontairement reprendre au passage le célèbre sophisme de la National Rifle Association : « Ce ne sont pas les fusils qui tuent, mais ceux qui les utilisent ». C’est oublier quand même qu’armés de couteaux suisses, tire-bouchon compris, ils ferait moins de dégâts qu’avec des Kalachnikovs. Mais passons.
Dans « De l’uniformité à l’uniforme ôté », notre auteur se fait justement moraliste lorsqu’il fustige une société imbibée de bonne conscience qui a jeté le bon sens et la bonne vieille morale d’autrefois aux orties pour vouloir à tout prix tout régler par la loi.
Mais j’arrête là pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte, au fil des pages, d’un auteur « pas comme les autres » de crainte de tomber dans le travers de ces commentateurs insupportables ne peuvent s’empêcher de raconter en détail un film passionnant à celui qui va le voir.
Yves-Marie Laulan a été successivement au cabinet de Michel Debré, secrétaire national du RPR, président du Comité économique de l’OTAN et professeur à Sciences Po, à l’ENA et à Paris II. Il préside aujourd’hui l’Institut de Géopolitique des Populations. Par ailleurs, il anime un Libre Journal sur Radio Courtoisie, un mercredi sur quatre de 12h à 13h30.
Derniers livres publiés :
Un itinéraire français, Dualpha, 2011, Préface de Jean-Yves Le Gallou.
Les Années Sarkozy, L’Æncre, 2012.
Francephi - Editions Dualpha, Déterna, l'Aencre et autres livres en diffusion