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La production des bébés Google et la délocalisation des mamans

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La production des bébés Google et la délocalisation des mamans

Par Nicolas Bonnal.

« La Science ! Avant le vingtième siècle, la médecine, pour ne parler que de cette gueuse, n’avait aucun besoin de la science et daignait à peine s’en recommander » (Léon Bloy)

Je ne sais pas pourquoi on parle encore de bioéthique ; sans doute pour enrichir certains experts et agiter certains plateaux télé. Car la bioéthique, notre société n’en a plus rien à carrer, comme la loi du même nom. Les « pas de géant » de la grande recherche médicale et scientifique ont déjà converti l’être humain en donnée du passé ; ou en objet de spéculation du futur.

La loi Hollande-Taubira dans la grande tradition de l’humanisme socialiste a bien appuyé là où ça faisait mal : on n’a plus besoin de maman et de papa pour produire un être humain (maman et papa étaient capables de produire un Hitler a fait remarquer humblement l’humoriste Ribes, qui n’a pas ajouté que le principe de précaution exigerait qu’à l’avenir on se passât de tels géniteurs), et on n’a d’ailleurs plus besoin de papa et de maman du tout. L’homme n’avait plus d’âme, il n’a plus non plus de corps, il est bon pour les pièces de rechange et il est juste un produit bon à être acheté sur le web. Voyez les bébés en ligne. C’est ce qu’on appelle tout fier de ce genre de trouvaille lexicale un Google baby. Le niveau d’abrutissement et de désensibilisation des internautes fera le reste entre deux clicks sur les sujets du jour. On fait un forum ?

On lit sur le web : « Doron Mamet est un entrepreneur qui a abandonné une position prestigieuse pour devenir ce qu’il appelle un « producteur de bébés ». En ouvrant sa compagnie, Tammuz, Doron Mamet a créé une nouvelle solution dans un marché prospère qui aspire à des produits occidentaux génériques aux prix abordables du marché asiatique. Son agence fournit des services de production de bébés en connectant clients, donneurs, mères porteuses et cliniques à travers le monde. »

On se doute que le monsieur n’a pas abandonné sa « position prestigieuse » pour gagner moins d’argent. Maintenant, les détails plus techniques et donc atroces, et je songe à Léon Bloy sur ce sujet : « La science pour aller vite, la science pour jouir, la science pour tuer ! »

– La grossesse se fait en Inde (c’est moins cher).
– Le matériau génétique est sélectionné par les clients via une interface web.
– Le sperme et les ovules s’achètent en ligne.
– Les embryons fabriqués sont congelés et expédiés par avion en Inde.
– Ils seront implantés dans l’utérus de mères porteuses locales (Inde).
– Les clients se présentent à la fin des 9 mois de grossesse pour récupérer leur bébé.
– Il suffit d’une carte de crédit pour acheter bébé.

Je continue de citer, moi je ne saurais jamais écrire comme ça sur un sujet si cool !

« Le matériel génétique souhaité est choisi par les clients à partir de leur ordinateur : le sperme et les ovocytes s’achètent en ligne, des embryons multiples sont produits, congelés, emballés et envoyés en Inde par avion, où ils sont implantés dans les utérus des mères porteuses locales. Les clients n’arrivent qu’à la fin des neuf mois de grossesse pour prendre livraison de leurs bébés. »

Les papas (ou les mamans) seront des clients. Le client seul est roi : c’est notre loi d’airain.

Et maintenant un film, chers lecteurs (et lectrices). Google Baby est un voyage à travers trois continents qui raconte l’histoire de l’industrie montante de la production de bébés à l’âge de la mondialisation.

On a interviewé le réalisateur télé qui a filmé ces nouvelles vallées de merveilles, à mi-chemin de Malthus, de Bentham, d’Huxley et H.G. Welles : « Nous avons filmé aux États-Unis, en Israël et en Inde dans la clinique du Dr Patel. Au début du tournage elle avait 70 mères porteuses enceintes, à la fin du film elle en gérait 250.

Je comprends que ces cliniques de mères porteuses puissent choquer mais après avoir passé beaucoup de temps en Inde dans la clinique du Dr Patel, je commence à comprendre son point du vue. Pour elle, c’est la seule façon pour des femmes en milieu rural de changer de vie et d’assurer l’avenir de leurs enfants. »

Certainement ! Le metteur en scène (pourquoi en fais-je un fromage ?) pourrait rappeler qu’en Inde on a tué trente millions de filles grâce à l’échographie, puisque les habitants de ce pays païen, célèbre pour ses Shiva, ses Hanuman et ses Kali, préfèrent les garçons, toujours moins chers à marier et plus faciles à expédier en Europe dans des containers congelés. Il ajoute, notre Kubrick de Prisunic, que l’on peut louer son ventre à Harvard. On propose aux étudiantes de cette université pourtant très friquée et fameuse pour ses fraternités lucifériennes 70 000 dollars pour porter un mouflet.

« Certes les questions d’éthique soulevées par cette nouvelle industrie sont longues. Par exemple nous n’avons pas mis dans le film l’histoire de la petite Manjhi dont les « acheteurs » japonais avaient divorcés avant sa naissance. Après une longue bataille juridique, les grands parents japonais l’ont finalement adoptée 3 mois après sa naissance. »

Cela fait, vous avouerez de drôles de grands-parents. Mais notre imbécile ne s’arrête pas là : il se met à avoir des problèmes de conscience comme dans un mauvais film ! Il a trop vu Wall Street ?

« Je suis horrifié par les aspects mercantiles de cette industrie de la reproduction. En l’absence de règles éthiques et de morales, l’économie mondialisée donne la pleine mesure de son efficacité. Pas de barrière légales, profits vertigineux : tous les ingrédients sont là pour que l’industrialisation de la reproduction humaine explose.
“Google Baby” est un aperçu d’un sujet dont je suis convaincu qu’il va devenir un problème majeur pour le futur de l’humanité. »

Il y en a encore qui parlent d’un futur pour l’humanité ? Et vous, cher lecteur ?

Ce que j’ai lu toutefois sur la donneuse d’ovocytes m’a particulièrement ému, en cette époque de crise immobilière.

« Katherine Gaylean est une donneuse d’ovocytes très demandée et l’une des principales fournisseuses d’Egg Donation Inc. Elle vit dans le sud du Tennessee avec son mari et leurs deux filles. Elle a décidé de donner ses ovocytes à la fois pour aider des gens à réaliser leurs rêves de parentalité et pour financer la maison de ses rêves. »

On en verserait des larmes, comme à la fin d’un mélo raconté par le Reader’s digest et filmé par Vincente Minnelli…

Le destin du Spectacle (de la démocratie) n’est pas de finir en despotisme éclairé, disait un Guy Debord trop nerveux. Mais je vous dis que tout va se passer comme sur des roulettes, comme pour la hausse du Dow Jones avec un bilan de la Fed à six mille milliards. Plus rien n’arrêtera la démocratie-marché dans sa marche à l’enfer payant. Et on revotera Hollande en 2012, par peur du fascisme et de l’intégrisme catholique. Et on interdira « la vieille institution familiale ». Vous verrez. Avec un bilan de la BCE à dix mille milliards. Tout va se passer comme sur des roulettes.

« Le moujik de la bande vient de découvrir même un jus contre la vieillesse. Il ne tient qu’aux parents d’avantager leurs enfants de quarante ferments d’infection, dès le berceau, et de faire de leurs corps des vases de purulence. »

Bloy toujours, qui ploie mais ne rompt pas.

Francephi - Editions Dualpha, Déterna, l'Aencre et autres livres en diffusion


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